mehareesdemaryam
Une amie d'une immense générosité ; m'a envoyé deux billets de dix euros
Entre chiffonnières, la solidarité est valable pour la vie. A toi, amie à qui je vais poster une carte, j'ai acheté du pain de seigle dans une boutique biologique moins cher que celui de Monoprix qui me dégoûtait par leur refus d'essayer de comprendre. J'ai fait un gros péché avec une tablette de chocolat noir à l'orange. Il faut que j'explique au Dr Dukan qu'il peut en faire avec du cacao non sucré et dégraissé. Dans ma cuisine, je ne peux pas tester la recette lyonnaise. Oui, je suis née à Lyon et j'ai le palais fin. J'ai même appris à savoir par le regard ce qui est bon. Ainsi, un jour où je marchais dans une ruelle conduisant à La Gare de L'Est, j'ai regardé une vitrine de chocolatier en me sentant dans les registres de mon enfance et, entrant j'osai féliciter le chocolatier dont seuls mes yeux avaient mangé les produits. Je l'ai félicité en tant qu'ex-lyonnaise. Il m'a répondu : nous sommes la deuxième chocolaterie de Paris (rue de Chabrol dans le neuvième).
Et je revois le regard de Soeur Emmanuelle gourmant et séducteur en me parlant du conjoint de Sylviane, chiffonnière de qualité, qui fit une erreur " hallal et autres rites" en consommant à son insu de la viande avec du fromage. Elle avait remarqué ma sobriété, en ignorait la cause et se servait abondamment. Au sein d'une conversation en arabe de Haute Egypte avec nos hôtes, j'ai glissé à Sylviane quelques mots en français : "le fromage grouille de petits vers". Elle ne pouvait pas mettre ses lentilles oculaires dans la poussière du bidonville. Nous restâmes très polies et ne prîmes notre fou rire qu plus tard. J'avais de l'eau de vie de prunes de ma grand-mère. J'en ai bu et Sylviane n'en a pas bu : très intéressant effet placebo à communiquer à L'Institut.
Christophe, tu peux me montrer ta montagne et ton feu?Nous avons joué ensemble, enfants.
" Aime jusqu'au bout du feu" recueil de poème de Frère Christophe ,très jeune, moine-martyr de Tibbhirine. (ed Monte-Cristo). Christophe, tu fais monter des larmes à l'orée de mes cils. Bouleversée par ton ami Gilles Baudry qui est aussi mon ami, poète, moine de Landevennec. J'ai connu Gilles tandis qu'il enseignait en Afrique. Christophe, en ouvrant ton recueil, je tombe en crainte révérentielle : je sais que tu entends mon propos, tes mots indiquant le brasier ardent. Ton style enlève encore une pelure pour l'offrande de la nudité totale.
Christophe, tu es né à ce monde quatre ans avant moi. Gilles m'a beaucoup parlé de toi. Tes mots sont des perles de cristal, des roses de sable. Christophe, je cueille tes mots sans oser les trahir en les posant prématurément sur la toile, sur le sable notre autre ami...Tu avais quarante cinq ans, ne t'es pas révolté, accompagnant chacun à la mort. Ton bras fut peut-être utile pour Frère Luc, médecin, octogénaire. Notre ami Gilles Baudry a versé des larmes de sang : je l'ai vu quelques mois après votre martyre. Christophe, si tu savais combien tu ressembles à Gilles, dans l'enfantement de tes mots nés de L'Innocence de ton coeur, offert quelques soient tes états d'âme. Sable virginal pour toi aussi. Christophe, convertis-moi, accompagne-moi de tes mots.Tu me rends la confiance et la paix tant espérée, tu m'apprivoises. Pardon, Christophe, j'ai dû me protéger enfant, et ma douceur est sous la dureté des remparts de mon coeur.
Christophe, te voilà à côté de Théodore Monod dont la photographie est sur un ouvrage rédigé par Nicole Vray " Théodore Monod. Un homme de foi" ed Olivétan. Chistophe, tu peux me montrer la montagne et me montrer ton feu? Parce qu'il était très fort ce feu pour avoir accepté, sciemment, le martyre.
Regard et totale nudité offerts....
La nuit sombre est cachée derrière un rideau. J'ignore si la lune est levée ou si elle s'ébroue. Mon lit est chaud et l'ombre alentour satisfait mon corps enveloppé dans sa couverture usée. Je capte une émission à quatre heures du matin sur L'Iran et sens l'interdit de ce piratage. J'entends les pleurs des femmes, l'aveu d'une foi qui s'effondre, le rire à fleur de société. Je songe aux antennes et aux femmes voilées. Soudain la honte m'envahit au souvenir de mes déguisements de voyage.
J'écoute la radio, totalement nue, en offrande aux persanes, en quête d'une nudité totale d'une transparence qui dévoile qui je suis, nudité de l'âme, du coeur, du fond de l'être. Jusqu'où va le dépouillement total? Je ne sais qui a peint ce tableau de Thérèse d'Avila dont j'ai parlé ici ou ailleurs sur mes tablettes que je sculpte en quête d'épure. " Je vis mais sans vivre en moi-même", premier vers de Thérèse d'Avila au regard bouleversé, capté par une lumière ou la certitude de cette lumière. Le tableau est sur un petit livre bilingue de la collection Allia, et ce regard enlarmé est celui de Pierre sur un tableau de L'Ecole de Rembrandt, l'apôtre bouleversé par le reniement.
Je me glisse en Maryam de Magdala, le corps en feu, me donnant totalement à cet homme au regard transperçant, sans jugement. Je me donne nue et lui offre la fougue de ma sensualité et celle de mon coeur. " Des larmes me brouillent la vue et je balbutie : " mais je ne sais faire que cela". Il n'est pas jardinier, celui qui me brûle de son regard, acceptant mon offrande avec joie mais en paralysant mes mains, mon corps. Je redeviens enfant, ne sachant même plus marcher, devant accepter qu'il me guide....
Pardon, désespoir du soir
Sois ma burqa, je t'en supplie. Personne ne comprend que je me cache tant j'ai honte de mon corps. Je voudrais tailler à coups de couteau comme pour l'argile. J'ai, physiquement, mal. Je hais la bouffe : ça rend malade! Nom de Dieu, j'ai pesé trente kilos et allais beaucoup mieux. Il faudrait un couteau de boucherie pour cette vieille carne. J'aurais été heureuse de recevoir du médiator ou des amphétamines pour voir la vie en rose et ne plus souffrir à cause d'une bretelle de soutien gorge!!!
Je ne peux pas sculpter avec cette douleur. Je suis foutue. EDF (azur, mon oeil) et Gaz de France ne peuvent pas ignorer que si je n'ai pas payé, c'est parce que je ne peux pas payer !!!
Les seigneurs du désert se meurent...
Une poignée de pailles dorées s'élève vers le ciel, tandis que Dame Sa Soeur fait le dos rond pour rejoindre l'armature de bois, également dorées, plantée dans le sable pour l'érection d'une tente touarègue à Agadez.
Désepérées et révoltées, quelques brassées de paille couleur feu s'incrustent dans la terre battue qui monte ses murs, pour planter les nomades en un domicile fixe.
Règne encore l'odeur âcre des peaux brunes des enfants d'esclaves de la race blanche touarègue. Bien qy'asservis depuis des siècles, ils sont aussi fiers que leurs maîtres dont ils partagent les coutumes. Ainsi la femme plaque-t-elle son mari en embarquant la tente et l'enfant qu'elle allaite encore, laissant à son conjoint les autres petits et le ciel pour toi. Mais dîtes-moi, comment fera cette femme dans les bidonvilles de nomades?
Et voici cette femme touarègue enfermée entre ses quatre murs. Le vent mugit alentour : il ne peut supporter le camoufflet infligé à la grande dame. Au coeur du bidonville nomade, se tient un jet d'eau ou de sable autour duquel se rassemblent femmes et enfants. La voix des Ancêtres gronde : " nous sommes les seigneurs du désert".
Se mêlent cailloux épars et feraille argentée ou rouille. Le désert n'est plus lui-même. Notre moine Charles n'y trouverait plus ses petits, lui qui savait que le mot " vierge" n'existe pas en tamacheq. Papier de la nouvelle civilisation, le tchèque sans provision, variété d'assignat, se joine à la chute des chèches pour signer la mort des nomades.
Allah s'en est allé, le sable se fait poubelle, l'homme bleu esclave du touriste gras, à poil et sans culture. Alors le puits se remplit des larmes des enfants déracinés.
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Il me semble que mes lecteurs sont partis se promener. " Faire ce que l'on voit avec ses mains" Rodin