Des bronches en feu mais pas de quoi payer le marabout ou les médicaments. Plus de bouffe, plus rien : c'est normal dans le désert. J'aimerais des nouvelles de l'association ORION et de Guy Duhart qui vint tenter chez les touareg le fromage de chamelle. Il réussit à fabriquer ce fromage. Il s'aperçut que ce n'était peut-être pas le plus important à faire !!!! Il n'a jamais exigé de reconnaissance des touareg : il est devenu l'un des leurs!

Il m'a fascinée durant sa conférence à L'UNESCO, et je lui ai posé de nombreuses questions. Il me dédicaca son livre dont la vente alimentait les fonds de l'association.  Il comprit que j'étais aussi saharienne... J'aurais vécu comme lui qui quitta La France après le décès de sa femme. Il avait cinquante six ans. ORION est une constellation visible du Sahara.

Pas de lecteurs? Je n'ai pas le temps d'écrire longuement, et préfère travailler des écrits destinés à être publiés.

Amoureuse ? N'est-ce pas l'essentiel de la vie? Au soir de nos vies, il ne reste que cette question : " Ai-je aimé assez?". lors d'une agression avc viol et tentative de meurtre, j'entendis monter en moi  comme une prière: " Non, de grâce. Je n'ai pas encore aimé". Amants, amis, action humanitaire : étais-je sur une mauvaise voie? Je fus sidérée mais n'ai jamais oublié cette phrase et je ne cesse d'entrevoir d'autres pistes dans mon désert, dont celles des mystiques. A ce sujet, je n'ai pas pu vous donner une série de références soufies, dans l'article d'hier.

Etonnantes nuits spirituelles où l'âme se consume dans une pâle lueur où elle ne cesse de s'abandonner, de s'ouvrir, de n'être que réceptacle laissant l'amour embraser le monde. Un tableau bouleversant de Thérèse d'Avila est sur la couverture d'un petit livre. Le regard est fixé sur plus grand que soi "Je vis mais sans vivre en moi-même" aurait dit Thérèse d'Avila. ( Je vous donnerai la référence: Ce petit livre est bilingue de la collection allia est un ensemble de poèmes. Thérèse d'Avila : " Je vis mais sans vivre en moi-même). Ce regard est comme celui de St Pierre dans un tableau de L'Ecole de Rembrandt, tableau admiré chez un proche. Regards aimantés. Un prêtre idiot fut choqué lorsque je fis le lien entre mon union fidèle avec... et Le Cantique des Cantiques. Les strophes me donnèrent un autre éclat que si l'union charnelle ne les avait pas précédées. Didier, je te sens envoûté par ce registre mystique. Je voudrais t'envoyer cette obscure clarté.

Oui, Didier a aussi vécu cela. Nous eûmes de nombreux échanges sur les nuits spirituelles. Si Didier n'avait pas été bousillé à douze ans par une agression sordide, il n'aurait jamais d'instants où sa colère le dépasse, à juste titre au sujet de cette agression.

Doucement, en hypoglycémie, à l'aube donnant aux rochers leur ton mauve matinal, Maryam attise un feu. Son coeur bat plus vite que le tam tam. Elle prépare une boisson chaude au blanc aux yeux d'un bleu intense qui doit fuir avant le réveil du campement. Ils sont un peu à l'écart dans une cachette inconnue dans l'ancienne piste de la montagne aux Ecritures. Il a une touche d'odeur de roux malgré ses cheveux couleur de blé.

Ils ont l'habitude de se laisser des messages gravés dans le rocher, à où tous ont peur de l'âme maudite qui rode. Leur seule protection est cette peur. Une guelta pleine d'eau pure entre les gémissements du vent se heurtant aux rochers, permet à Maryam de ne plus avoir sur elle cette odeur qui la trahirait. Elle se plonge, nue, dans l'eau interdisant à son amant de la rejoindre. Ne prennent-ils pas plus de risques que leur survie le permet, en ces nuits enflammées?

" Enlève-moi" insiste-t-elle tandis qu'il est venu la rejoindre dans la guelta et s'unir à elle. Elle ne sait pas encore que les hommes sont moins audacieux que les femmes.

Il semblerait que le rendez-vous d'Essendilène, superbe roman de Frison Roche (sans doute le meilleur) puisse se trouver en poche J'ai lu.