mehareesdemaryam
Quand le désert montre son visage de colère, prie Ton Dieu.
Levons-nous en hâte. Le bleu irradie l'atmosphère. Le soleil pourrait être noir.Un sombre préssentiment me broie le coeur. Je claque des dents. Il peut faire très froid dans le désert. Mon regard croise celui des touareg (c'est un pluriel au singulier targui) : ils semblent aussi angoissés que moi. Nous sommes en danger mais n'avons pas encore identifié les risques. Quand le désert te montre son visage de colère, prie Ton Dieu.
Tétanisés, nous découvrons que les guerba ( outre en peau de chèvre) ont été déchirées et ne contiennent plus d'eau. L'ennemi fut discret. Nous n'avons rien entendu. Nous sommes si pauvres : que cherchaient ceux qui se sont vengés sur les guerba? Le marc de café nous est défavorable mais pouvons-nous lui faire confiance? Il n'y a pas de place pour les faibles larmoyants. Nous devons être plus forts que tout opposant et prendre le risque de sauver notre peau.
Il nous reste deux jerricans d'eau. Lascérer des guerba est criminel. L'intrus a agi rapidement et fui comme le montrent ses traces de pas. Il eut peur de... Bénie soit cette peur qui nous laisse deux jerricans. Si nul nous porte secours, rapidement, nous ne serons plus que des squelettes blanchis dans le sable. Nous tentons le maximum :Incha Allah.
Mon père ne va bien.
Mon père ne va pas bien. Je n'entre pas dans les détails. J'irai le voir en août. Il est courageux dans cette vie trop austère. J'ai travaillé en hôpital, peux l'aider lors de pépins de santé ne nécessitant pas d'hospitalisation, l'ai déjà fait, contant diverses choses amusantes sur overblog.
Guy Gilbert sur les ondes dans une émission rediffusée au sujet du film " Des hommes et des dieux" que je n'ai pas vu. Ce me sera doux au coeur de ne pas penser à mes ennuis. Je sors d'une période anhumaine et je risque d'être, à nouveau, dans cette misère sordide.
J'ai besoin de signes amicaux, de lecteurs amicaux.
Terreur de la misère dont je n'arrive pas à remonter.
Il me reste une terreur que je n'ai jamais connue dans le désert, la terreur de la misère et de son art de bousiller le corps, le coeur, la pensée. Quand j'aurai payé mes factures, il ne me restera rien. Terreur viscérale jamais connue ni à Calcutta, ni en Afrique, ni en Egypte, ni dans le désert.
Je n'ai aucune protection, aucune sécurité. Je vous parle de terreur et ce n'est pas mon langage habituel. Elle ne me quitte pas. Amis, fratrie : ceux qui pouvaient m'aider ne l'ont pas fait. Horreur, Terreur impensable dans les lieux que je cite. Il s'agit bien de L'En Bas dont parle Maurice Bellet dans " La traversée de L'En Bas" ed desclée de brouwer. Il a quatre vingt neuf ans mais un tonus merveilleux. Il ne cesse de se battre pour tenter d'entendre la vérité, l'essentiel soit ce sans quoi l'humain cesse d'être humain. Prêtre, philosophe, théologien, psychanalyste, il ne parle pas de " folie" comme des internautes qui ignorent de quoi ils parlent. Maurice Bellet donne sa chance à tout le monde, et notamment à ceux dont le psychisme fut ébranlé comme à ceux qui tombent dans la misère...
Maurice Bellet travaille beaucoup avec des scientifiques, mathématiciens, physiciens... Un vrai travail de chercheur, et pas de fric! Il n'y a pas que le fric dans le monde. Il faut éviter ce qui me laisse terrorisée, mais jouer à faire du fric est dépourvu d'intérêt. Je tremble encore de terreur.
Misère, Calcutta, L'Egypte et des conseils de lectures sur Averroès.
Les miracles sont rares dans le quotidien. Je ne puis que payer mes créanciers et continuer à vivre à la dure. J'ai eu l'impression que nul lecteur se rendait compte de ce qui m'arrivait. Fabrice m'a entendue. Il faudrait que vous compreniez que ce genre d'épreuves épuise tout humain, comme si la terre se dérobait sous ses pas. Je souffre encore et vous demande pardon pour les articles où je ne parviens pas à le cacher.
Se retrouver à la rue va beaucoup plus vite que vous ne l'imaginez, et en grande partie, parce que L'Europe a oublié la solidarité. Quand j'habitais Calcutta, j'avais remarqué que beaucoup de restaurants donnaient de la nourriture à ceux qui en avaient besoin. A Calcutta, nul ne jette de la nourriture. J'ai été fascinée par les tournées de L'Armée du Salut avec un genre de Général Dourakine pour superviser une distribution d'alimentation remarquable. Il avait bien fallu demander aux personnes en difficulté de montrer leur carte, puisqu'il fallait ne laisser personne sans rien. La tournée du soir donnait ce qui était nécessaire à toute la famille. A midi, certains venaient récupérer un plat à L'Armée du Salut. Je dois dire que j'ai été fascinée par ce Samu social avant l'heure.
Je ne me suis jamais sentie en danger hors de France, les habitants ayant encore le sens de l'entraide. J'entends un égyptien sur les ondes, et je voudrais vous citer un ouvrage qui peut vous passionner " L'Islam et la raison" d'Averroès ed poche Flammarion, réflexions du XIIIème siècle auxquelles s'ajoutent des échanges et analyses avec des chrétiens dont Maître Eckart et Thomas d'Aquin.
L'intelligence du coeur est la seule qui compte. Elle est hospitalité du coeur.
Continuons à analyser les choses. En substance, Patagonia m'a dit que je m' 'en sortirais pas et que je devais apprendre à me priver pour des histoires de régime : Le rire me gagne!!!! Imbécile, Le spécialiste des régimes ne me demande pas de me priver. Je crois qu'il a eu peur mais j'ai ri sur le côté cocasse de l'aventure, mon pied sortant par la bouche ouverte du soulier.Il a disparu sans me dire pourquoi tandis que j'observais les tableaux, l'un d'eux ayant une expression de visage intéressante, un regard vraiment travaillé.
Il revint avec un sac. Je ne savais pas ce qu'il avait conduit à se lever d'un coup de son bureau. Sa fille Maya lui avait laissé des chaussures. Des baskets solides et favorables à la marche, pointure 37. J'abîmais mon pied sur le macadam. Je vous déconseille de dire à un clodo de vivre plus sobrement. Vous risquez de vous prendre un coup dans la gueule, bien mérité! J'ai travaillé pour tenter d'améliorer la vie des sans abri, dans un ministère, dans une institution para-publique. Je n'aurais jamais osé dire à ceux qui me parlaient en confiance : " Privez-vous". J'ai écouté. Pour démarrer une autre vie que celle d'hébergé en centre, ils me donnaient le besoin d'avoir le double du SMIC. J'ai alors demandé comment ils calculaient leur budget : logement à l'hôtel, bouffe au restaurant (beaucoup étaient maçons ou d'un métier du bâtiment), nettoyage des habits. Leur calcul était bon et il n'y avait pas de loisirs. Patagonia, tu es intelligente : tu dois comprendre et ne pas avoir de présupposé dans ta tête.
Evite d'humilier ceux que tu connais et qui sont dans l'épreuve. Je suppose que ce n'est pas trop te demandé!!!
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Un vieillard meurt. Un enfant pleure.