Inutile de me faire la morale!

Serais-tu le seul être fiable, amant des sables ocres et des roches aux écritures inconnues? Ils m'ont tous laissé tomber comme si le deuil était contagieux ! Je suis juste venue te rendre visite.

Embrase-moi, en cette heure où le soleil se maquille avant de s'annuiter avec la terre. Il s'adoucit lentement avant de descendre en feu orangé. Embrase-moi sable infini, icône du divin célébré par René Habachi cité sur overblog. A nouveau, je m'enracine en toi, Terre d'Afrique, opérant comme une synthèse après de nombreux détours dus aux difficultés de la vie ou du manque d'Abandon avec lequel je les aie abordées.
Oui, L'Abandon de Charles de Foucauld et peut-être de La Terre de Rodin allongée à plat ventre, comme cassée au creux des omoplates. Cassure ou abandon confiant : à moi de choisir ma voie. A Stamboul, Loti s'allonge sur la tombe d'Aziyadé dans une ultime étreinte charnelle. Je n'ai cessé de combattre, ai failli en mourir plusieurs fois, et j'avoue qu'il eut été plus humble de m'abandonner en toute confiance.
"Joie, Joie, Joie" écrit Pascal au début de Son Mémorial. Mon père me lancerait-il quelques signes? Il en est tout à fait capable, afin que je traverse l'épreuve autrement. Ma plus grande erreur fut de faire une psychothérapie mais je choisis de m'en relever. La psy ne présente aucun intérêt et il me semble que Lacan disait : la psychanalyse est achevée quand le patient est ruiné!!!!

Sur le mur de ma case, une grande carte d'Afrique où je visais les endroits à explorer. Ainsi ai-je visé L'Assekrem, puis une autre année Tombouctou, plus tard encore El Oued, la ville d'Isabelle Eberhardt, par la suite le désert égyptien. Ma première traversée du désert fut la plus bouleversante. Je crois qu'elle fut mystique. Je compris alors que le camion était ensablé et perdu que je pouvais mourir, ayant tout reçu.
J'ai pris des risques que je ne pus éviter mais que je déconseille, notamment acherver en stop, les bus d'Algérie étant en grève. En outre, j'ai souffert de la faim et de la soif, et j'ai senti que tout était soluble. Oui, pour l'être qui se laisse guider par Le Brasier Ardent évoqué par René Habachi philosophe libanais. Je dois avouer que j'ignore comment et pourquoi je suis en vie. L'âge venant, je m'abandonne de plus en plus à l'image de Charles de Foucauld.
Le désert est total dépouillement et appelle à la confiance : c'est merveilleux, profondément libérant.

Se donner au désert comme on entre en religion, plus profondément que Blanche de Richemont, encore trop jeune pour se donner à fond. L'Egypte s'effondre en gémissements ineffables. Dieu, que j'ai mal. Non au bain de sang! Qui entend ces gémissements ? Chacun dans sa bulle ne s'intéresse qu'au décoratif, mais L'Egypte est infiniment plus que quelques temples à visiter!!!!
Dakla et ses lacs salés dans le sable égyptien. La radio croit intelligent de parler du centenaire de la guerre de quatorze : ridicule! Mes grands-pères sont morts depuis longtemps.
Pour ma soeur Egypte, j'offre des mots libanais : " La saison du don est venue. L'homme commence avec le don. La nécessité impérieuse est celle de la gratuité. L'impatience vient d'une asphyxie du temps, comme l'ennui vient du temps vide. On n'est jamais impatient si on est pris par l'épaisseur du présent et c'est pourquoi l'espérance est du présent. Elle n'a pas envie de déborder le temps. Elle ne regrette pas le passé, elle ne bouscule pas l'avenir. Elle fixe ses yeux dans le présent. " René Habachi Commencements de la créature ed Centurion.