Pardon mon frère : tu ne m'avais pas oubliée. Sache que tes amis sont toujours là.

'Mes pieds foulent, à nouveau, le sable quelque peu étonnés par l'étrangeté du destin ou son vol en souvenir de Proudhon. Nietzsche pensait avec ses pieds. Il notait sur un carnet une ou deux pensées. L'armature du texte était en trame des mots posés en flashs sur le journalier. Je connais cette technique et ses bienfaits. Mon écriture se couche en grande vitesse comme pour aller plus loin et j'écris avec des feutres sanguine, couleur de la vie, chaleur de la terre. L'encre Terre de Feu est dans mes stylos plume.

Là, je vais graver " ci-gît..." sur l'ocre des rochers  pour un targui se comportant comme si, jamais, je n'avais adouci ses plaies, son coeur en sang, en le faisant rire et en vivant avec lui les merveilles du désert... Targui, tu as abandonné ta soeur qui fut fidèle par-delà les querelles ou contresens. J'y ai laissé ma santé et beaucoup trop de temps alors que je ne n'avais  même pas à boire. Je graverai l'ocre en tamacheq, en arabe, en hébreu, en français.

Hurlement sidéral gardé secret, non trahi par les cordes vocales maîtrisées.  Hurlement croissant au fil des jours sans franchir le mur du son. Mes entrailles en sont déchirées. Atroce, intolérable. Nul ne peut dire à autrui qu'il n'est pas en état d'oeuvrer ni de vendre ses mots ou ses couleurs. En conséquence, j'embarque ma cousine Chantal aquarelliste pour qu'en famille nous fassions un entartrage bétonné, sous la protection de Saint Benoit Labre, de ceux qui m'ont sciemment blessée, désespérée. La galerie de Chantal est indiquée sur mon blog d'overblog : http://elisabethdehautsegur.over-blog.com

Elle est dans mes amis à droite de l'écran. Il est certain que l'entartrage nous fut enseigné à l'âge de nos premiers biberons. Digne descendante d'une famille qui reçut Benoît Labre, je n'ai pas un centime d'euro. Pour l'entartrage bétonné, des cousins me fileront " le matos"!! Les langues de vipère seront transformées en sculptures bétonnées, véritable sarcophage où vivre est difficile. Si elles font amende honnorable, je demanderai à ma dentiste et amie de les détartrer !!!!!

Debout au lever du jour, la jeune nomade file vers le puits inconnu pour rapporter l'eau qui servira à tous ses proches, une eau miraculeuse en un lieu où nul ne peut la trouver s'il ignore le secret. Se présente à moi la sculpture de Rodin : " Le secret". Une main taillée dans le marbre étincelant est refermée comme si ce secret était sacré sur ce qu'elle protège et qui est invisible aux yeux. Le puits doit être protégé des inconscients qui l'utiliseront en gâchant son eau salvatrice.

Il pourrait être le fruit de l'arbre à ne pas consommer, à ne pas attraper d'une main noueuse de vieille angoissée ( et je vois le troisième âge de Camille Claudel), à recevoir puisqu'il ne peut se goûter que donné.. Un puits secret et sacré ? Il me semble que mon article sur overblog en parle aussi : http://elisabethdehautsegur.over-blog.com

 

Trois jours de montée en juillet, chaque escale étant une guelta, soit une sorte de petite mare d'eau dans les rochers, certie de lauriers roses.  trois jours de trente kilomètres en montée avec des bidons de vingt litres d'eau dans nos sacs à dos. Il me semble que nous n'avons pas mangé durant cette ascension, par intinct de prudence. En effet,  l'arrivée au sommet de L'Assekrem où vécut Charles de Foucauld nous indiqua tout de suite à quelle sauce, nous allions être mangés. La jeep du campement devait être en stock de RTT, et il n'y avait rien à manger. Un orage récent avait laissé des flaques d'eau à qui nous devons la vie.

Il n'était pas indispensable que je fasse un régime mais celui-ci fut très efficace avec ses quinze jours de jeûne forcé. Oscillant entre Calcutta et L'Assekrem, j'opte pour une alimentation de pauvres, soit des fromages blancs à 0% et du jus de tomate Ed à 15 calories pour cent...Soudain, ma tête tourne, et je dérape entre les millilitres et les centilitres. En tout cas, mon tempérament ascétique est en accord avec ce régime de luxe que je ne pouvais pas m'offrir à Calcutta. Je fus heureuse dans cette épure. Je précise que je ne mange ni viande ni poisson depuis mes dix huit ans. Il est très rare que je sente la faim, et les hypoglycémies me donnent comme un voile noir devant les yeux avant que je m'effondre.