Un ouvrage du CNRS étudie les ocres. Sa couverture flamboie. Cette étude évoque trois catégories d'ocre selon la flamme qui les animes. La couleur serait due à de l'oxyde de fer chauffé à température très élevée. Le CNRS a choisi de se livrer à diverses expériences mais je préfère le désert m'entraîner dans son feu, me faufiler entre les gravures rupestres et la montagne aux écritures. Il m'est arrivé de me perdre dans Le Hoggar où je marchais, ivre de joie. Il me fallut garder du sang froid puisque je n'avais pas d'eau avec moi. Ne restait que l'eau des flaques laissées par un orage aux alentours de l'ermitage de Charles de Foucauld. J'ai marché depuis le lieu où j'ai réalisé que je m'étais perdue, sous forme de reconnaissances, revenant , sans cesse, à mon point de départ. Il me semblait moins dangereux de ne pas bouger de ce point entre les massifs montagneux, parce que j'étais certaine d'être très proche du sentier que je reconnaîtrai. En rayonnant ainsi depuis ce point d'apparente perdition, j'étudiais avec intensité les formes des massifs montagneux dans l'espoir de reconnaître l'un d'eux. Dans cette attention active, je ne songeais pas aux catastrophes qui auraient été une anticipation erronnée de l'avenir. Je cherchais le moindre indice. Soudain, il me sembla reconnaître la forme d'un sommet trouant l'azur des cieux, et je m'en approchai sans perdre le point d'où je rayonnais. Apparut alors dans mon champ de vision le sommet de L'Assekrem. Je ne fus pas victime d'un mirage, et m'approchant sans perdre mes points de repères, sus enfin que ma direction était la bonne.

Epuisée, désespérée : pourquoi avoir voulu atteindre mon père? L'échange téléphonique avec la femme coupable a donné notamment ces questions et réponses : " Je vais appeler ton père. J'ai le numéro" J'ai répondu : " Il ne comprendra rien et il est sourd". Perfide, cette femme assassin m'a dit : " Il lit". De moins en moins parce qu'il n'a plus de force (insuffisance cardiaque stade terminal). Jadis, elle aurait été lapidée. Je ne sais plus ce qui était intrinsèquement pervers avant le concile, mais l'expression correspond à l'attitude honteuse de cette femme. 

Jamais personne n'aurait osé s'attaquer à mon père parce qu'il était remarquable : intelligence, grande finesse, homme droit qui ne se mettait jamais en colère. Et là, alors qu'il ne tient plus debout, une harpie veut l'attaquer. Que cette vipère en crève. Elle ne respecte rien. "Elle ne débande pas " de la journée : cela doit faire mal, Monsieur! Voici une autre phrase qui classe une femme dans le marigot.

Entre les roches flamboyantes se trouve un dispensaire simple  et efficace où les nomades se font soigner et l'âme et le corps. Nous devons être aptes à diagnostiquer sans les gadgets européens, et nous nous en sortons fort bien. Entre nomades dotées de formations efficaces, nous arrivons à des résultats qui nous bouleversent : nous aimons tant nos malades que nous donnerions notre vie pour les sauver. A l'heure où le mauve et le bleu dominaient sur les roches en cette aube qui nous renvoie aux premiers soubresauts du monde en amont du mur de Planck, là où mystiques et artistes se donnent rendez-vous pour contempler L'Indicible, L'inouï, débarque une grande roumia qui tente nous dire qu'elle est apte à nous aider à soigner les malades. Est-elle idiote ou candide ? Elle ne sait rien du désert ni des traités médicaux d'Avicenne, d'Averroès, de nos maîtres à penser. Elle baragouine un sabir incompréhensible. Pourquoi se drogue-t-elle dans un espace où tout n'est que sublime?  Droguée ? Il suffit d'observer les yeux et l'histoire de prises de sang pour déceler des médicaments auxquelles croit cette candide est dépourvue de sens. Tout se voit dans les yeux pour des médecins de qualité ou pour des broussards dégourdis. Même par charité, nous ne pouvons prendre le risque de sa présence en notre lieu de soins. Elle est renvoyée sur la piste qui monte vers Le Nord avec son signalement. Par prudence, nous avons choisi le signalement, cette femme étant dangereuse lorsqu'ellle joue les médecins. Elle sera enfermée à Tamanrasset dans l'infirmerie de la prison parce que nous craignons ces espions drogués. Nous ne sommes que de modestes nomades et nous savons nous protégéer...

Nomades de bleu vêtus, nous avançons lentement dans le sable en feu ayant une parure un peu blanche en cette mi-journée. Nous savons que le temps n'existe pas, que seul l'instant est. Nous sommes ivres de la beauté qui nous entoure. Soudain apparaissent des roches ocres flamboyantes, et il semblerait qu'elles soient couvertes de lettres à déchiffrer, et peut-être de gravures rupestres un peu plus loin.  Mon carnet de croquis se remplit des signes observés. Il ne peut être question que de L'Au-Delà comme dans tous les premiers textes déchiffrés, et de l'amour. Il nous faut trouver la clef de ces textes. Mes longues études des premières langues écrites et des signes d'où sont nés les phonèmes, puis les lettres, me fait décrypter et recopier avec passion les signes laissés par nos ancêtres. L'évolution linguistique a procédé ainsi : dessins, phonèmes, lettres. J'ai le dictionnaire rédigé manuellement de Champollion, et j'ai plusieurs ouvrages sur les débuts de l'écriture. Lentement, je déchiffre un message orant où Dieu nous dit Sa Présence et ne nous lâche pas.  Il est doux de le relire. La paix est totale en nos coeurs. (inspiré d'une aquarelle de Didier)

 

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