Mon père a besoin de ma gaieté , de ne pas me sentir en sale état. Il m'est demandé de voler plus haut, d'affronter ce qui n'est pas aisé, tel Bernis, le pilote de Saint Exupéry dans Vol de Nuit ou Terre des hommes. " Ce que j'ai fait, un animal ne l'aurait pas fait". Il avait traversé dans la neige la cordillère des Andes après que son avion se soit écrasé et ait disparu des écrans de contrôle.

Dans un autre style, sans prétention littéraire, Sylvain Augié décrit son accident de  parapente, son sauvetage, puis son addiction croissante aux médicaments, et son sevrage.

Ami(e), quand le désordre envahit ton logis,il indique ton épuisement moral. Je t'en supplie : ne te condamne pas. Ramasse ce qui traîne avec tes mains, en t'asseyant sur une chaise si ceci t'est plus facile, avec des gants, si un rien t'angoisse ce qui n'est pas pécamineux.. Ecoute le chant désespéré de ton logis. Ami, il y a une issue : range par étapes, sans te condamner. Je vais l'écrire sur overblog. Sache t'offrir des pauses pour plonger dans La Beauté. Je t'envoie L'Ocre flamboyant.

Je suis L'Ami éploré qui ne put écouter les harcèlements téléphoniques  d'une mère de famille en grande détresse et ranger son domicile. De grandes cernes sont creusées sous mes yeux.(Trop de médicaments!) Je suis totalement épuisée. J'entends la radio la lecture de l'évangile sur la resurrection de Lazare. Si le texte est bien traduit, il est demandé à ses proches, ses soeurs, ses amis, de lui enlever tous ses liens ( les bandelettes mises lors de la toilette mortuaire). Laisse-toi délier.

Il est difficile. de me comprendre, peut-être! L'usage pathologique du téléphone m'épuise. Il ne m'a pas appelée, ce matin. J'ai donc eu raison de ne pas décrocher le téléphone, un dimanche matin!!! Mon père est en état grave : il est prioritaire. Que ceux qui ont abusé du téléphone comprennent QUE JE SUIS OBLIGEE DE LE RESERVER POUR MON PERE. Si vous faites partie de ceux qui commirent l'erreur, soit de partir en délires morbides, soit de vous lamenter sur votre sort et celui de votre progéniture, pardonnez-moi mes limites.

 

En permanence, j'étouffe mes sanglots, ravagée par cette histoire monstrueuse. Je n'ai jamais traumatisé d'enfant ni de plus jeunes. Un des fils de ma soeur était présent juste après le décès de ma mère. Il avait entre vingt et vingt cinq ans. Par prudence, je l'ai interrogé : " As-tu déjà vu une mise en bière?" " Oui, pour ma grand-mère paternelle et je n'ai aucun souvenir". " Norbert, ce n'est pas très poétique. Tu n'es pas obligé de rester." (Ma soeur ne lui avait donné aucun conseil). Je comprends ce jeune homme courageux qui tenta d'être digne dans l'épreuve, et lui dis alors que nous étions encore en tête à tête. "S'il y a quoi que ce soit qui te soit pénible, sors de la pièce. Sens toi totalement libre". Je n'ai pas fait preuve de brutalité envers ce jeune adulte. Je refuse d'être accusée d'être coupable d'avoir rédigé des textes qui ne devaient pas être montrés à des enfants non majeurs. Trop dur. Je n'ai que des larmes. Je suis d'une infinie douceur pour ceux qui n'ont jamais assisté à cela et  je suis d'une infinie  douceur avec ceux qui doivent m'aider, le plus ponctuellement possible lors de toilettes mortuaires, car moi-même, je suis traumatisée à vie.

SI MON PERE SAVAIT COMBIEN JE SUIS TERRORISEE PAR CERTAINS TELEPHONES DE PERSONNES OUBLIANT QUE J AI DES LIMITES ,IL SERAIT HORRIFIE. SUR OVERBLOG J 'AI EXPLIQUE QUE PLUSIEURS PERSONNES TELEPHONAIENT DE MANIERE ABUSIVE ALORS QUE MON PERE EST EN FIN DE VIE.

Etre courageux n'est pas être surhumain ! Je n'ai jamais rencontré de personnes ayant eu à faire la toilette mortuaire de leur mère ou de leur père ou de leur enfant sans en être terrassés. Ne pas le faire est manquer de respect envers ce proche dont les muscles  ne fonctionnent plus après le décès. Ne soyez pas surpris par le fait que la bouche soit ouverte : c'est simple et naturel. Par amour pour votre proche, entourez sa tête ( menton et sommet du crâne) avec une bande velpeau.. Il faut attendre quelques heures, si possible vingt quatre heures. La bouche fermée, le visage sereint, votre défunt vous remercie de Là où il est.

Si vous n'êtes  pas morbide,vos enfants ne seront pas en choc s'ils ont à voir un défunt.

Je n'ai jamais vu qui que ce soit du personnel soignant être indifférent à la mort des patients. Les soignants sont traumatisés à vie, et ne peuvent recevoir de lamentations non assumées par celui qui les professe...