Longuement, Maryam a appris à déchiffrer les signes de la montagne aux écritures. Elle note ce qu'elle y découvre, rencontre parfois un humain de la catégorie des explorateurs et savants à qui elle révèle les secrets gravés sur la roche. Les textes parlent de la vie, de la maladie, de l'amour, de la mort, des divinités.... de la chasse, des herbes médicinales : en un mot, ils disent le quotidien de ceux qui connurent le désert alors qu'il était fleurie et boisé, et que des artistes peignaient sur les rochers à l'image des protoécritures. L'humanité est née là et les premières langues aussi. Elles se dévoilent à ceux qui auront le courage d'apprendre tous ces systèmes linguistiques, à ceux qui feront tout pour déchiffrer les signes aujourd'hui, encore inconnus. Maryam a débuté ses recherches, enfant, prenant moult risques en errant sans eau dans les brouillards roses des tempêtes de sable. Elle croisa peu de nomades mais ils s'aimèrent pour toute la vie, solidaires dans le danger et unis dans la joie. La jeune femme gravait, de temps à autre, dans une des langues apprises quelques signes sur la roche. Elle nota quelques phrases d'un marabout : " La guérison est la révélation faite à un être qui découvre enfin qu'il est beau, que l'on peut avoir confiance en lui et qu'il est aimé de façon définitive. Il ne peut plus en douter : il est comme transperçé par cette certitude ". Il se peut qu'un voyageur soit transperçée comme elle le fut en entendant le marabout.

Pardon si je suis un être humain. Pardon si j'espère un écho de la part des lecteurs. Sans doute ce blog est-il d'une nullité sans nom. Il m'arrive d'avoir des élans que je sais de bonne qualité littéraire. Pourquoi suis-je encore en France?  Ce n'est pas, ici, que j'ai rencontré des coeurs ouverts. Je ne suis pas normodosée et les français n'aiment pas cela. La France me donne envie de me tuer. Tout y est insoluble ou je ne suis pas de ce pays où je suis née par erreur. Le désert me suffit et me comble : n'y résistent que ceux qui aiment.

Mon dernier article a été transmis aux lecteurs dont j'ai l'adresse mail car je n'ai pas su faire de " copier/coller". Il était abandon confiant au Sable Infini, dans la lignée de celui qui précède, mais dès que je fus passionnée par mon sujet, le blog se déconnecta car il faut écrire vite, et non se laisser emporter par sa muse. Je suis toujours sur votre site préféré qui s'avère plus convivial que d'autres et plus farfelu. Je suis absolument convaincue que nous sommes des consommateurs candides d'un département de capitalisme déchaîné, à savoir celui du marché de la minceur. Recencez le nombre de produits miracles que vous pouvez observer en grands magasins ou en parapharmacie. Pardon d'avouer que j'en eusse été scandalisée quand j'étais à Calcutta, car je souffrais de la faim et n'avais pas une piastre.En outre, je partageais ce triste sort avec une série d'individus dont des enfants qui me brisaient le coeur. Je me souviens encore d'avoir vu un gosse de riches indiens laisser une assiette avec des gâteaux dans un salon de thé sans que quiconque songe à les donner aux personnes qui étaient à la rue, à deux pas.... Heureusement, les restaurants étaient mieux organisés et à la sortie des cuisines, il y avait des distributions d'aliments aux habitants de la rue. La vie est ainsi faite qu'il arrive que l'on maigrisse sans l'avoir voulu et que l'on ne puisse pas arrêter cet amaigrissement : je l'ai trop souvent vécu pour ne pas m'interroger sur mon art d'être tombée dans le panneau des publicités des divers marchands de la minceur. Les produits miracle sont légion, tous composés de plantes que les recettes gratuites de nos grands-mères connaissaient. Je vous donne une astuce de Sonia Dubois qui a perdu 55kg :  n'allumez pas votre chauffage si vos voisins chauffent. Nous pouvons fort bien vivre à 15 degrés, et à moins. Mes grands parents n'avaient pas de chauffage.....

Bel amant aux  douces épaules, au bassin de dunes couleur de chair, je ne sais pourquoi en m'abandonnant à toi, j'éprouve une telle sécurité. Tu es trop grand, trop pur pour esquisser l'ombre d'un jugement ou d'une condamnation. Songe que nos lecteurs ignorent que " wayavdel" signifie " et il sépara", que le jugement est séparation primordiale d'avec tout ce qui n'est pas Infini Ensablé, un art d'ordonner le monde autour de L'Amour Inconditionnel, ultime réalité. En paraboles et mythes, ceci est exprimé dans les rouleaux de La Torah. L'abandon total en toi, mon amant, est le sommet de ma liberté, la cîme où je rencontre mon être que tu me révèles car sans relation et sans amour, je ne suis point. Cherchant pourquoi j'avais nullement peur avec toi, même lorsque tu te révoltes en tempêtes, tourbillons, minéral desséchant vidé de toute trace de puits, il me sembla que tu m'invitais à la contemplation, acte en lequel la peur ne peut subsister, l'attention étant centrée sans qu'elle puisse être parasitée. Le contemplatif est une sorte d'artiste qui suspend le temps, les contingences, les diktats du cerveau gauche, lâchant prise en cerveau droit relié au plus profond du coeur. Bel amant, tu me donnes une recette pour chasser et la peur et le désespoir, et néanmoins, tu n'exiges rien de moi. Nos regards aimantés murmurent en duo céleste.

La pureté et la nudité du Sable Infini protègent de l'acédie dont elles sont un excellent remède. En chaque espace, le vide est ouverture à la réception de L'Essentiel. Maryam le sait et fuit sa cabane qui transpire de souffrances incrustées et non encore décapées, par un lavage des peintures, par un vide créateur, par un trait sur le passé aux vertus amnésiques. Le tri sélectif des ordures commence dans la mémoire et dans les souvenirs : ce sont des émois, des liens à autrui qu'il faut jeter, car sinon, tout vide artificiel de la cabane se remplit , à nouveau, de détritus sinistres à couleurs de complexes, d'angoisses, de détresses. Quelques bouquins phares et l'art d'y cueillir deux, trois phrases. L'atmosphère change, les peintures rupestres revivent, les écritures délivrent leur secret. Maryam s'est imposée, de force, dans un niveau élevé d'hébreu auquel elle devait accéder de plein droit mais qui était encombrée d'anciens recommençant pour la nième fois ce niveau. A ce stade, on touche aussi l'origine de l'écriture et des langues, les mystères des échanges humains.  Penser en des langues différentes de la langue dite maternelle permet d'opérer un excellent tri sélectif. L'arabe égyptien représente pour moi la joie, le rire, la relation. Le français tel qu'il me fut enseigné est une langue morte.... Voici que je dis "je". En hébreu, en arabe, le verbe se définit par sa forme à la troisième personne du singulier qui comporte la racine consonnantique. Maryam connaît les langues du désert, les langues où seul l'essentiel se dit autour de la relation, du lieu du puits -lieu des fiançailles dans la bible, de la tempête de sable, du brouillard ocre en lequel survivre en respirant à travers son chèche, en ne bougeant plus...Adieu, tempête : la vie revient.