Maryam se charge de la corvée d'eau en remplissant des guerbas avec les flaques d'un orage récent. L'eau est la barakha car la nourriture est absente. Qu'importe? Hors de l'isolement trop lourd du quotidien, les rituels relationnels sont comme des baumes sur le coeur. Maryam prépare du café dont le marc s'imprimera sur le fond de la tasse. Etonné et amusé, Charles lui tend sa tasse et accepte la sienne : nul ne saura qu'un prêtre a joué à cela!!! L'intérêt de ces dessins laissés par le marc de café est la forme de télépahtie qu'ils déclenchent entre les commensaux... Charles étudie très sérieusement la tasse de Maryam, et il se pourrait qu'il prie en parallèle. " Tu es partie depuis longtemps du campement de ta famille?" " Ils doivent me croire morte, et comme cela j'ai la paix". " As-tu songé à leur inquiétude?" " Mon ami John a tenté de les rassurer." " Où est John?" " Je ne sais pas". Des larmes coulent sur le visage de Maryam qui se cache dans son chèche. " Tu voulais l'épouser?" " Il est marié, mais m'a aimée en tant qu'amante ". " Tu es encore jeune. Je prierai pour que tu rencontres un bien aimé non marié". " Ce n'est pas bien d'être la maîtresse d'un homme marié?". Les yeux de braise s'emplissent d'une immense douceur, et d'un sourir bienveillant. " Il a fait les premiers pas vers toi?" " Oui, mais j'ai accepté". Charles éclate de rire : " Cela prouve que tu es normale"! Maryam reste perplexe devant le marc de café du marabout : " tu as combien de femmes?". " J'en eus beaucoup mais cette étape est franchie". " Tu as dû crever de solitude?!". "Non, en quelque sorte, je suis marié à Dieu". " Il a fumé un joint" pense Maryam. Poliment, elle reprend le livre rédigé en hébreu et commence à le recopier, notant en arabe phonétique l'équivalent. " Je suis inquiète pour Aziza " " Qui est Aziza?" " Une amie qui dut fuir le campement et chez qui j'habitais dans une grotte. Je lui avais laissé des indications pour qu'elle sache où j'allais. " Allons-y à cheval : j'ai deux chevaux et te laisse le plus discipliné". Un nuage de sable salut leur départ, ici ocre, là plutôt doré.Maryam craint de faire galoper ce cheval inconnu mais elle ne peut faire autrement, et s'adonne à la griserie de cette chevauchée....

Point n'est besoin que j'emprunte le personnage de Maryam pour évoquer lassitude et tristesse. Lorsque je n'écris que pour moi, je prends des journaliers selon l'antique méthode.

Lecteur, je ne puis écrire, ce soir. Bonne nuit

Maryam a rejoint le marabout chrétien qui déchiffre les gravures rupestres et qui régide des ouvrages sur le tamacheq évoqués dans le blog : "elisabethdehautsegur.over-blog.com". Le savant chrétien aux yeux de braise lui montre ses travaux, les diverses étapes de ses dictionnaires, les recueils de contes et de poésie. Maryam ne sait pas lire l'alphabet qu'il utilise et lui demande de lire lentement ce qu'il a écrit. Son calame plongé dans une encre de couleur sanguine, elle restranscrit en alphabet arabe, étonnée que le marabout n'y ait pas songé puisqu'il la connaît. Dans le bureau du savant se trouvent Le Coran et La Bible, tous deux en langues originales. Maryam examine avec intensité l'hébreu puis demande à son ami Charles de lire lentement les premiers chapitres. Retrouvant des racines proches de l'arabe, elle esquisse des hypothèses de traduction, s'interrogeant sur les mythes de La Genèse, et posant mille questions à Charles, notamment sur les récits de la création de la femme et ceux de la chute. Charles a des réponses limpides dont certaines se rapprochent du Coran. L'écriture hébreue est dite " carrée par opposition à l'écriture arabe plus difficile. Maryam copie les versets de La Genèse sur son cahier. " Charles, au départ, ce sont les mêmes langues ?" " Elles descendent d'une protoécriture sémitique". " Tu écris de gauche à droite dans ta langue?" " Je vais t'enseigner cet alphabet si facile eu égard à l'arabe et à l'hébreu". La roche rosit virant doucement au violet : " Pardon, Charles, c'est la nuit. Je ne veux pas te déranger ". Charles lui montre les différentes pièces de son fortin : elle peut dormir en paix ....A l'aube, Charles dit la messe dans sa petite chapelle avec un jeune touareg qui lui permet d'éviter d'être seul, ce que L'Eglise n'autorisait pas à cette époque. Il forme son ami qu'il a racheté de l'esclavage. Maryam entre dans la chapelle où tout semble vibrer d'un halo de lumière. La  vibration part des yeux de braise de Charles, centré une boule blanche qui semble aussi rayonner. Peut-être est-ce un effet d'optique....Maryam est transpercée par la splendeur de ce qu'elle voit. Elle ne cherche plus à comprendre mais à recevoir....

Ici, je vois les statistiques que je ne parviens plus à voir sur overblog. Il y a des passages réguliers et fidèles mais un silence déroutant....Ma halte sur " aujourd'hui.com " fut de courte durée : je fus radiée, manu militari ! Ma muse tarit : je ne sais plus pour qui, pour quoi j'écris. J'eusse aimé me sculpter en ciselant mes mots, et endossant divers personnages arriver à mon être profond. Maryam était une partie de moi mais il me fut demandé de rendre son entourage et sa vie plus dures : d'absurdité en absurdité, je l'ai envoyée au suicide avec son auteur. Pourquoi m'inventer un passé de martyr? Pourquoi l'imputer à autrui oscillant entre Mauriac qui se fit bien des ennemis et Hervé Bazin qui manie la haîne sans talent remarquable et dont l'on oublie l'oncle écrivain René Bazin. Il n'est pas impossible que l'on soit ce que l'on écrit, et qu'à sculpter des excréments, on se plonge avec complaisance dans l'horreur. Je n'y vois nul intérêt. Sombre une seconde, je souris la seconde suivante, un peu comme Gribouille qui a la chance d'être parti en Bretagne.....et voici que je songe à Sophiana ma filleule de quinze ans qui a, Deo Gratias, une grand-mère maternelle de quatre vingt douze ans en Bretagne. " Les jolies colonies de vacances....". Non, elle dit " merde", aux colonies d'obédience protestante qu'elle trouvait moralisantes. Les colonies n'étaient pas chères et c'est par ce biais qu'elle découvrit les pistes de ski....Mon autre filleule, fille aînée de ma soeur alla ainsi que sa fratrie chez les intégristes parce que c'était gratuit. Son frère fit les camps de voile avec le curé déraisonnable pour ne pas dire plus qui fit partir un équipage en dépit du bon sens, provoquant des décès....Mon neveu aurait refusé de partir : l'année du drame, il navigait ailleurs en remboursement de tous ses camps gratuits. Il fut horrifié de l'accident : il connaissait  le jeune marin qui est mort, en soutenant les plus jeunes durant l'attente des secours....Le jeune marin était parti sous pression insistante alors qu'il était sans coéquipier pour encadrer les plus jeunes, dans un bateau non fait pour la haute mer, et malgré l'interdiction des services de sauvetage en mer.... Voici un martyr qui eut un enterrement avec presque les honneurs militaires : " merci, monsieur le curé"!

Mes lecteurs sont paresseux : sur le blog " elisabethdehautsegur.over-blog.com ", j'ai exprimé le fruit de mes recherches sur la naissance de l'écriture bien qu'il fasse trente degrés chez moi. La censure n'arrive pas ici : ouf, je suis libre! Il faut être maigre quand il fait chaud, manger peu, boire, s'hydrater par le biais d'un chèche sur la tête comme dans le Sahara. En France, arrosez le chèche puisque vous avez de l'eau. Dans le désert, le chèche est un tissu de coton de vingt mètres de long que l'on porte sur la tête, en couvrant la nuque et le front. La transpiration et le vent permettent de survivre. Lors de ma première traversée du désert en juillet 1979, il me fallait mettre un chandail par dessus le chèche tant j'avais mal à la tête. Bien entendu, je portais des lunettes à verres filtrants. N'ayant pas eu besoin de lunettes de soleil en Inde, je suis partie pour L'Afrique sans lunettes de soleil. J'avais toujours skié sans lunettes....Je me suis brûlée les yeux ( insolation par les yeux : à connaître car on n'y pense pas!), trois semaines dans le noir. Une fragilité des yeux qui me reste : j'ai besoin de lunettes noires très vite, et depuis que je suis presbyte, il m'en faut avec correction, ce qui est difficile à trouver à un prix modeste ( prix des lunettes de pharmacie). Je souffre alors de migraines ophtalmiques et de douleurs au fond de l'oeil dues à une augmentation de la tension oculaire : l'hébreu provoque une hypertension oculaire au bout de cinq à six heures de labeur intense. Il en est de même pour l'arabe et d'autres écritures. Non censurée, j'ose dire que je ne suis bien que maigre : honni soit qui mal y pense. Je n'ai jamais été anorexique. Mon poids est entré dans les catégories des anorexiques, à mon insu. Je mesure 1m55 et j'ai une ossature très légère. Pascale m'a rassurée sur les conséquences d'opérations gynécologiques stoppant le système hormonal trop tôt ( merci  aux médecins pour les prises de vingt à trente kilos sans manger ....). D'emblée, j'ai lancé le chiffre de 400 calories sur " aujourd'hui.com", ignorant que c'était celui des anorexiques. Il y a des non anorexiques qui n'ont pas besoin de plus de 400-500 calories. J'en fais partie! Quand il fait chaud, manger est quasiment impossible : j'ai eu une peine folle à avaler quelque chose aujourd'hui vers seize heures, et basta!