Bien entendu, j'ai été déconnectée tandis que j'évoquais la beauté de la civilisation éthiopienne, l'allure digne des éthiopiens très minces, droits, bien vêtus. Ils ne font pas de régime : ils ont des travaux rudes à faire et le khat les y aide. Cette herbe à substance amphétaminique donne un grand tonus, paraît-il, sans les inconvénients des amphétamines synthétiques. A Calcutta, sans khat, le gabarrit est le même. Je me suis formée pour lutter contre la famine et je traîne sur des sites de régime pour avoir été castrée sans information sur la nécessité d'un régime préventif. Je n'ai fait nul excès, n'ayant pas faim mais plutôt envie de vomir. Manger m'ennuie si ce n'est pas entre commensaux. J'ai vu un livre sur les règles de la commensalité chez les soufis....Le plus important n'étant pas de manger mais de passer un bon moment ensemble. Les éthiopiens ont un rite de trois cafés qui dure deux heures concurrençant le thé touarègue.. Une piscine en plein air me conviendrait mais celles de ma cité sont couvertes et l'on y étouffe. La douche froide est plus efficace....Sans idéal, je ne peux vivre et le train train quotidien occidental ne m'enthousiasme pas! Je suis passionnée : à quoi bon vivre sinon? Je n'écris presque rien parce que j'en ai assez d'être déconnectée.

Nomade, suis moi quelques instants en Ethiopie, pays riche de culture et de traditions, pays où la minceur n'est pas choisie, mais assumée, par des femmes au port de tête d'altesse, si fines qu'elles paraissent plus grandes. Le khat ( herbe d'amphétamines) maintient le  tonus et la joie de tous. La cérémonie du café dure deux heures et il est malséant de l'interrompre. Plus que malséant, c'est avant tout un refus de partager la vie de son hôte et ceci ne peut s'envisager comme lors des trois thé touarègues.... La langue alamaric est savante, riche en vocabulaire, et dotée d'une grammaire intéressante. Son écriture dérive du protosémitique dont j'ai parlé plus haut. Il paraît que la finesse de cette langue n'était pas compatible avec les slogans de l'époque marxiste.  Le khat donne un tonus extraordinaire et permet de maigrir sans effort. Nous devrions apprendre à fabriquer quelque chose qui s'en approche. La beauté de ces femmes minces est un appel à donner nos bourrelets à une action humanitaire : j'accepte une liposuccion pour " Action Contre La Faim". Je compte mes calories et nulle censure m'empêchera de le faire. J'agis intelligemment. Je me sens chez moi en Ethiopie. Une de mes grandes tantes nous avait trouvé un ancêtre en Abyssinie : ceci me convient à merveille. Il était de famille royale pour que le roman soit aussi gratifiant que farfelue. Tante Marie Thérèse était une humoriste. A quatre vingt ans, elle fit un malaise dans la tombe de Toutenkhamon : " tu es notre soeur"....Les israélites lui servir le même discours : elle ressemblait à Golda Meir....

Les éthiopiens sont essentiellement chrétiens et je crois que leurs rites se rapprochent des rites coptes d'Egypte. Les juifs d'Ethiopie n'ont pas été très bien accueillis en Israël....Je suis bien dans le pays de mes ancêtres et comme il ne reste que quelques cours de sculpture, je me mettrais au carnet de voyages illustrés à l'aquarelle. Dans une rue proche de la mienne, il y a un manuel pour apprendre l'alamaric! Je poursuivrai mes recherches sur les écritures et mes études linguistiques comparées. Je mincirai parce qu'il fait chauc et parce que la coutume de mon pays ne prévoit que des femmes minces et racées. Je vais travailler sur la formule chimique du khat ( vous ne le direz pas?)

Il me semble être perdue dans un désert d'isolement. Les statistiques indiquent des visites de lecteurs silencieux! Le site " aujourd'hui.com" ne m'est pas accessible sinon j'irai dessus pour vous lire, pour plaisanter gaiement. Il fait lourd : l'orage va éclater. Je suis sombre : mettre un point final à cette vie! J'en ai marre de souffrir. Il est certain que le suicide de Maryam achèverait ces esquisses. J'aurais aimé garder un peu d'espoir. Leurre! Personne ne peut vivre sans relation....et la relation précède la personne. Raz le bol de cet isolement. Il est étrange qu'il n'y ait pas plus de suicides dans cette société détraquée! J'en ai marre.

Je devrais me flinguer. Ecrire ne fait pas maigrir mais la barre est à 400-500 calories. Cela devrait marcher. Mon compte est en déficit. En vain, j'attends que l'administration me rembouse.Maryam se tue : ce sera plus simple.

A L'Assekrem, Maryam étudie la méthode de l'ermite dont elle aime le travail harassant commençant à l'aube et s'achevant au crépuscule. Il est marabout, prie longtemps dans une petite chapelle. Maryam s'assied au fond de cette mini-église, en voûtes protectrices, sans doute en écho aux entrailles divines (cf Osée). Elle reste en silence devant un rond blanc qui ressemble à un bijou précieux. Elle ne sait pas de quoi il s'agit, mais l'ermite aux yeux de braise semble lui offrir un murmure intérieur. Il n'y a plus d'eau dans les réserves de L'Assekrem qui sont remplies par des jeeps montant de Tamanrasset avec, en outre, des victuailles. L'eau est si précieuse là où elle ne coule pas en abondance. Un orage a laissé quelques flaques sur les rochers : ouf! Il est possible de boire et se laver sobrement. Maryam ne veut pas que l'ermite lui donne ses provisions au risque de ne plus avoir à manger. Elle prétend jeûner dans ce pélerinage. Un sourire intérieur rejoint cet homme. Il sait qu'il interviendra avant qu'elle s'évanouisse. La roche est ocre et dorée quand le soleil est à son zénith, puis bleuit à la tombée de la nuit. Maryam explore les montagnes alentour gaiement, en toute inconscience. " Je suis perdue. Je ne reconnais rien ". Calmement, partant d'un point où elle a tracé un signes, elle essaie plusieurs directions. Insoluble! " Est-ce fichu? Faut-il enlever le chèche pour mourir plus vite et dans de moins grandes souffrances?". Un écart dans le vide sur un sentier qui borde un précipice...."Le sommet de L'Assekrem est là" dit-elle en indiquant la direction. Elle retrouve son port d'attache si je puis le dire. En deux mots, elle conte à l'ermite sa mévaventure. Il sourit : " Viens, je vais te montrer les secrets de la montagne". Longue marche épuisante, sans eau...et l'arrivée dans un cirque de cavernes couvertes de peintures rupestres. Maryam prend son calame et dessine. Elle cherche les caractères : il semble que l'écriture n'ait pas existé à cette époque...Très brièvement, elle raconte à Charles les travaux qu'elle a entamés sur la montagne aux écritures, lui sugérant plusieurs méthodes et plusieurs hypothèses. " Pourquoi n'y a-t-il pas le bijou blanc, ici?". Le coeur de Charles est ému et il tente une explication à la portée de cet enfant sur le bijou blanc. " Mais Dieu est partout? Pourquoi serait-il dans le bijou blanc?" " Maryam, as-tu entendu parler de Aïssa"? " Oui, c'est un grand prophète!" " Il est Dieu, s'est fait homme, et nous a laissé ce que tu nommes le bijou en cadeau de Présence avec qui on peut parler mais qu'il faut surtout écouter. Se reposer en lui est l'idéal." " Je t'expliquerai plus de choses quand nous serons devant ce cercle blanc". " J'aimerais tellement découvrir tout ce qu'est le monde, tout ce que les savants ont trouvé...J'ai suivi la classe des garçons en cachette. Il paraît qu'il y a des enfants qui ne veulent pas aller à l'école. Ils ont un cerveau qui se transforme en éponge : ne pas étudier rend malade". Ils repartent en direction du cercle blanc....

Ce blog est né de l'espionnage avec censure imposée du blog : elisabethdehautsegur.over-blog.com

Bien entendu, la prétendue censure est illégale, mais je ne sus que penser lorsqu'il me fut interdit de parler de maladies, de morts, de calories (par une femme qui croyait défendre ainsi un régime qui a fait ses preuves depuis longtemps). Je suggère la lecture des deux blogs, et pour celui-ci , un regard sur l'article précédent rédigé très vite parce que sans cela je suis déconnectée de mon blog et ne conserve nulle trace de mes écrits. L'article précédent mérite bien des questions puisqu'il parle de la naissance de l'écriture avec quelques simplifications nécessaires à la compréhension du propos. Pour ma part, j'approfondis ce que je savais de par ma lecture d'une grammaire hébreue, en partie, rédigée par un de mes oncles, et de par mes connaissances personnelles glanées au fil des ans. Maryam avait onze ans au début du blog mais les esquisses ne précisent pas son âge actuel. Tous les lieux décrits dans ce blog sont des endroits où j'ai séjourné dans le désert. Les lacs salés sont dans le désert égyptien : lecteur, si tu es  scientifique, tu me répondras aisément par quel procédé chimique désaler l'eau. J'ai feuilleté des ouvrages de chimie en bibliothèque sans trouver la réponse : que faire de Nacl? A quoi accrocher Na pour l'extraire? Que faire du chlorure. ( Nacl : chorure de sodium). Avec un bon bouquin, j'aurais la réponse.

Nous sommes dans la fiction des esquisses : il est impossible d'aller en quatre jours et quatre nuits à pied d'El Oued à L'Assekrem où atterrit Maryam qui rencontre Charles de Foucauld ethnologue, linguiste, mystique, prêtre. Ses écrits sur les coutumes touarègues sont le reflet de l'ex-officier qui aimait la belle vie. Je les ai lus à la bibliothèque de L'ORSTOM pour rédiger un mémoire : " La liberté de la femme touarègue : mythe ou réalité?". Des esquisses sont comme une sculpture inachevée : elles seront refondues, remodelées, ciselées autrement... J'aime écrire des esquisses et avoir un écho des lecteurs avant de bâtir l'oeuvre finale.