" Quel con, ce type"! " Incapable de lire alors que j'y arrive en étant ignorante!" " Quel con ce type qui baise avec moi comme avec tant d'autres, sans le courage du violeur!". " Oui, j'aime le violeur parce qu'il transgresse l'interdit, parce qu'il oblige la femme à jouir alors qu'elle en a honte"! Extase et violence sont connues des âmes bien nées qui n'ignorent rien de la douceur et de la délicatesse... Le monde comprend quelques êtres trop sensibles et par malheur intelligents, et beaucoup d'êtres conformistes et parfois intelligents. Maryam n'est pas conformiste. Que ses pauvres esquisses, combats contre la montre, soient comprises : il faut écrire très vite pour ne pas être déconnecté, et le titre s'impose, sans avoir quoique ce soit de définitif! "Le coeur souffre : revêtons notre armure" songe  Maryam qui se plonge à fond dans le décryptage des écritures. Elle parvient à isoler quatre types de graphismes semblant dater d'époques différentes et les copie sur son cahier avec son calame. Elle veut prouver ce dont elle est sûre : ces écritures découlent toutes d'une même origine. Sans boire ni manger, elle recopie toute la journée, les pans de pierres classant ses écrits par époques suposées, les plus anciens graphismes étant les plus figuratifs. Pas besoin de pierre de Rosette : c'est partout le même système.... Elle lit et copie avec une extrême intensité pour chasser de son esprit ce salaud de John.  A la nuit tombée, elle repeind les calligraphies de la grotte détruites la veille dans son désespoir, et le regard d'Aziza s'enflamme d'une nuance d'espoir.

John est un savant qui travaille pour une administration. Il n'est pas aventurier et a un statut d'expert diplomate qui lui asssure de bons revenus. La veille de son départ, tandis qu'il étudie les écritures avec Maryam, il lui fait part de son prochain voyage. Statufiée, Maryam ne peut parler. Elle sent des nausées en elle. John ne l'a utilisée que pour assouvir ses désirs. Son choc est tel qu'elle préfère les violeurs qui ne faisaient pas de sentiments. Il est interdit de toucher le coeur de Maryam si ce n'est pas par fidélité pour toujours. Le regard de Maryam est très sombre : elle ne pensait pas n'être qu'un objet sexuel. John devine ce qui se passe dans la tête de la jeune femme. " Je reviendrai vite et tu pourras venir dans ma maison". La jeune femme a perdu toute illusion. Elle pense déjà aux herbes qu'elle va avaler pour cesser cette vie sordide. John entend un hurlement muet et s'effraie. Il tente de parler avec Aziza qui ne lui cache pas son inquiétude. Il promet de revenir souvent. Aziza l'interroge : " Maryam était une femme facile pour toi?". John ne sait que répondre : l'enfant s'est donnée à lui. Il n'a pas pu résister. Il devine que Maryam avait des sentiments profonds et qu'elle l'aimait, qu'elle est une vraie femme. Il a profité d'une aventure avec une jeune femme chaleureuse et attendrissante. Il comprend qu'il doit partir, laisser les deux femmes ensemble. Maryam tente de détruire ses calligraphies sur la voûte de la grotte. Aziza la retient, et la serre dans ses bras. Sur le visage de Maryam perlent des gouttes de chagrin et de stupeur. Aziza ayant très peur que Maryam se blesse , à nouveau, lui fait prendre une herbe pour dormir, en prend aussi pour elle car son coeur est fendu par le départ de John. Maryam balbutie : " Je ne suis pas digne d'être aimée. Je veux mourir". Sa tête tourne, puis tout devient noir...

Maryam connaît déjà les différents types d'écriture et en recopie des fragments dans le cahier de John avec un calame. Elle se souvient de ce qu'il lui avait racontée alors qu'elle était enfant sur la pierre de Rosette. S'inspirant de cette idée, elle conduit John vers un rocher ocre avec une pointe de violet à l'aube. Là, elle compare les signes utilisant le calame et le cahier, pensant qu'il est plus facile de travailler quand on est riche. John doit être riche mais elle ne lui posera nulle question : leurs vies sont réglées par le " maktub" ( c'est écrit).  Elle interroge le savant sur les trois types d'écriture qu'elle trouve et sur leurs liens avec les gravures. John l'écoute, profondément dérouté. Maryam lui rappelle qu'il lui avait parlé de la pierre de Rosette et d'un très grand savant qui avait découvert la langue des égyptiens et don le nom ressemblait à " Champion", parce qu'il était un champion pour avoir percé le secret d'une langue. John est bouleversé par ce petit bout de femme, et lui explique, à nouveau, comment la pierre de Rosette a livré son secret, complétant : " Ici, ce ne sont pas trois textes qui ont le même sens". Maryam rit " Grand idiot. Les textes expliquent les images", et elle lui explique par le menu ce qu'elle a compris et qui s'apparente à la méthode globale de la lecture. " Tu sais, il y a très longtemps, une seule langue suffisait pour se comprendre. Les langues que nous voyons sont toutes issues de la même langue. Ne vois-tu pas que les mots se ressemblent?". John devient humble et répond : " Tu as longuement étudié les écritures. Je les découvre. Comment as-tu trouvé le sens de celles que tu me montres." " Elles parlent ou d'amour ou de mort. C'est facile, non?" John songe que Champollion avait aussi compris que les hiéroglyphes traitaient de sujets simples....

Maryam écrit " je t'aime " en langage de la montagne, et ajoute comment comprendre son propos par les occurences des mots retrouvés dans les textes de la montagne. L'ethnologue ému reprend l'encre Terre de Feu et un calame pour répondre " je t'aime" puis ajoute :" nous irons sur la montagne". Maryam se lève, voit le sol tourner et se dirige vers la montagne en crapahutant. Ils passent devant des acacias : "il y a de l'eau non salée sous les acacias" dit Maryam. La jeune femme s'approche d'un lieu où se trouvent des écrits et des fresques, et fait part à son ami de ce qu'elle a compris du sens général du texte. Bouleversé, il est du même avis qu'elle mais a étudié longtemps pour apprendre à déchiffrer ainsi. Cette femme-enfant découvre tout toute seule?! Maryam le conduit vers d'autres passages qu'elle a traduit, puis précise le sens de certaines lettres, réécrivant " je t'aime ". John est ému. Maryam tremble en spasmes. Il la prend contre lui pour la rassurer. Un feu intérieur entre en Maryam qui fait tomber ses vêtements et se colle contre John dont la main parcourt tout ce corps offert. Soudain, Maryam caresse le torse de John sous sa chemise puis descend plus bas. Sans principe car sa vie  fut trop dure, elle débarasse John de ses vêtements. L'étreinte est fougueuse et douce. Maryam atteint un paroxysme de jouissance. John ne laisse pas sa semence en elle et lui dit " Tu es très jeune. Nous aurons des enfants plus tard". Maryam balbutie : " Pardon, si les hommes ont flétri mon corps". John la serre contre lui " Ils t'ont blessée. Tu t'es donnée à moi et tout est réparé ". Maryam se blottit contre lui en quête de sécurité : " Mon corps est à toi et tu es le premier à qui je l'ai donné". John le sait, chuchote dans l'oreille de la jeune femme. Etreintes et confidences se poursuivent longuement...

Aziza exulte de joie : Maryam n'est pas morte malgré ce qu'elle fit dans le désespoir. Les bergers l'ont ramenée vers la grotte d'Aziza chez qui ils ont envoyé un guérisseur qui utilise aussi les médicaments des blancs. Avant de partir, le guérisseur a rencontré le savant blanc qui s'intéresse aux écritures et lui a proposé de le suivre jusqu'à la grotte. Ils arrivent à la nuit tombée. Aziza entretient un feu qui permet de la trouver plus facilement, qui donne de la chaleur morale et physique. Maryam semble dormir quand les deux hommes pénètrent dans la grotte. Le guérisseur parle avec Aziza en commençant à examiner la blessée, et le savant s'approche aussi et murmure " Qui est cette jeune femme? Ne l'ai-je pas vue au campement?". Aziza lui confirme son intuition. Maryam ouvre les yeux sentant une présence, regarde intensément le savant puis balbutie : " Je commence à lire les écritures ". L'homme regarde avec stupeur Aziza qui lui parle des recherches de sa protégée, et lui montre des écritures gravées par Maryam dans la grotte, des arabesques calligraphiées du même auteur. Le savant découvre ,en déchiffrant les sentences , une série d'hypothèses de compréhension des écritures donnant lieu à des maximes diverses. " Pourquoi est-elle blessée?" demande le grand scientifique. Aziza lui décrit le désespoir de Maryam et les gestes qu'elle a exécutées pour mettre fin à ses jours. Elle conte aussi l'enfance de la jeune femme, sa fuite du campement puis son agression. Bouleversé, le savant pose sa main sur celle de Maryam : " Veux-tu m'aider à comprendre les écritures?". Maryam serre très fort cette main. Aucun son ne franchit le seuil de sa gorge. Des spasmes la secouent des pieds à la tête mais elle ne lâche pas cette main salvatrice. L'explorateur l'aide à respirer plus calmement mais le guérisseur chuchote à son oreille qu'il est la cause de l'émoi de Maryam.....