blogs.fr: Blog multimédia 100% facile et gratuit

mehareesdemaryam

Blog multimédia 100% facile et gratuit

 

BLOGS

Blog dans la catégorie :
Voyages

 

Statistiques

 




Signaler un contenu illicite

 

mehareesdemaryam

Maryam est tordue en deux de douleurs au bord du lac salé : son coeur va lâcher...

Maryam a pris des herbes qu'Aziza range prudemment et des produits qu'elle utilise pour soigner. Son coeur est broyé en tous sens : il y avait de la quinine dans le mélange.... Maryam ne peut pas bouger pour demander de l'aide, pour essayer de rentrer vers la montagne aux écritures. Terrorisée, elle éprouve à quel point elle est totalement seule. Ses vêtements sont trempés de sang. Maryam sait qu'elle ne voulait pas se tuer mais mourir au désespoir, tuer le désespoir. Elle rêve d'un souffle d'amour, de la présence d'un dromadaire, mais il y a personne comme d'habitude. " Maudit soit le jour où je t'ai engendrée"! " Et merde, il faut savoir ce que l'on fait lorsque l'on donne la vie". Pour la première fois, Maryam se révolte contre cet interdit de vivre. " C'est idiot" dit-elle à haute voix avec la conviction de ses premières oppositions lorsqu'elle avait deux ans! Maudite insécurité qui la poursuit. Il faut qu'elle se lève pour essayer de rentrer chez Aziza.Une force implacable la maintient sur le sol. Maryam accepte en se disant qu'elle ira mieux quand les herbes ne feront plus d'effet. Plusieurs nuits, plusieurs jours : Aziza pleure et prie. Partout, elle cherche. Elle interroge les bergers : personne n'a vu Maryam. Les bédouins écoutent Aziza : " Connaisssait-elle tous les lacs salés?" et surprise, Aziza répond "il y en a plusieurs " " Aywa, ya sett. Nemshi" (Oui,Madame. Allons-y). Maryam a réussi à se relever et marche malgré l'épuisement pour Aziza qu'elle a oubliée dans son désespoir. Elle se demande pourquoi elle oublie ses amis lorsqu'elle est dans sa détresse, pourquoi elle les blesse en se blessant...Un berger l'aperçoit et part au galop vers elle. Maryam tente de fuir pour ne pas être attaquée : " Ton amie Aziza est avec nous. Vois-tu le groupe, là-bas sur le sable rouge?". Maryam a peur. Le berger lui tend une bague d'Aziza. " Tu lui as volé sa bague?" " Non, elle me l'a donnée pour que tu aies confiance en moi". Il pourrait agir avec force mais attend patiemment la confiance de Maryam. " Monte sur le cheval. Tu es très fatiguée. Je vais le guider". Maryam a toujours peur mais se dit que ce n'est pas plus dangereux que de mourir auprès du lac salé. Son coeur la broie en deux : elle se couche sur l'encolure du cheval. Le berger la tient pour qu'elle ne tombe pas. Elle n'est pas totalement consciente. Son sang coule encore traçant leur chemin, sans qu'elle le sache. Ils arrivent à la hauteur d'Aziza et des autres bergers. Aziza hurle :" mut" (morte).

 

Un matin, Maryam a disparu avant l'aube sans réveiller Aziza....

Les démons du désespoir se sont, à nouveau, emparés de Maryam. Elle a pris le couteau d'Aziza pour se rendre dans un autre lac salé entouré d'arbres. " Je ne suis pas capable de désaler l'eau. Je n'arriverai pas à faire venir mon ami savant qui ne connaît peut-être pas la montagne aux écritures, et qui ne m'a vue qu'au campement lorsque j'étais enfant. Le marc de café dit n'importe quoi. Je ne dois pas retourner au campement : je serai lapidée. Je ne peux pas continuer à vivre ainsi : je n'arrive pas à gagner de l'argent . Il faut que je me tue ". Maryam a mal dormi et son sommeil fut peuplé de cauchermars. Elle se sent ridicule. Elle court vers le deuxième lac salé, plus profond que celui où elle a emmené l'âne pour revenir avec de l'eau. La nuit est claire : les étoiles indiquent la route au sein des dunes lymphatiques comme une odalisque se préparant au hamam. Cette enfant sait-elle ce qu'est une odalisque? Elle l'imagine à travers sa propre expérience où elle devint femmes en étant violée par trois hommes, où son coeur resta ouvert à son ami blanc dont elle était prête à être l'esclave puisqu'il et savant et plus âgée qu'elle. Son visage inondé de larmes, Maryam court vers le deuxième lac salé qu'elle atteind au lever du soleil. Elle a caché dans son étoffe une herbe qui tue sans savoir si la dose est suffisante. Elle la mange lentement pour que le poison entre doucement en elle. Elle passe le couteau le long de son cou, s'ouvre une veine et loupe l'artère, mais ignore la différence. Maryam entre dans ce lac salé plus profond, et ô joie, n'a plus pied. Elle se laisse couler pour disparaître à tout jamais. Etrangement, elle nage : elle ne savait pas qu'il était possible de nager. Elle n'arrive pas à se noyer, s'endort sous l'effet de l'herbe, rougit l'eau de son sang. Le savant blanc lui avait parlé d'une mer rouge : beaucoup de désespérés avaient dû s'y rendre. Son âme récite des mélopées au Tout Miséricordieux qui pardonne tout, paraît-il. Est-il possible qu'Il l'aime, elle, indigne d'être aimée? Son cerveau s'embrume : " Aziza m'aime ou fait semblant?" " Et moi je l'aime ou..." " Je crois que je l'aime" "Le savant blanc m'aime-t-il?" "Je l'aime et je veux lui donner ma vie. Si je meurs, je ne pourrai pas lui donner ma vie. Je lui donnerai ma vie même s'il ne m'aime pas. Je serai son esclave et mon corps sera à lui". Maryam sait qu'elle ne donnera pas sa tête!  Elle se retrouve au bord du lac sur le sable ocre, s'allonge faisant rougir le sable, puis s'évanouit ou s'endort, son visage vert semblant s'harmoniser au sable, sa dernière demeure, ses étoffes sont noires de désespoir. Le couteau est là pour l'orant qui la sacrifiera....mais elle est comme morte. Son corps avait été tuée par les trois hommes, son corps déjà si blessé au campement, et son coeur est mort quand elle était nouvelle-née et non désirée, puisque femme. Maryam délire et ne peut plus bouger: son sang coule à flots. Elle prie Le Tout Miséricordieux d'envoyer quelqu'un pour la sauver, et est envahie d'une indicible sérénité....

 

"Comment désaler l'eau?" s'interroge Maryam rêvant, à nouveau, d'une visite du savant blanc

Seuls les privilégiés racontent que l'eau salée est imbuvable : elle est plus consommable que le sang du chameau sacrifié pour éviter la mort de soif. Le sel n'est pas déconseillé en cas de deshydratation. La femme-enfant réfléchit en préparant le thé touarègue qui aurait meilleur goût sans le sel du lac, et sans la saveur de chèvre contenue dans des guerbas trop neuves, vendues par un voleur à Aziza qui ,sur le marché, se crut à une fantasia (sic). Aziza est peut-être plus enfant que Maryam : elle aime rire et jouer, et son coeur d'enfant se réjouit devant celle qui fut femme sans l'avoir choisie, et qui tua la vie en elle sans bien comprendre les gestes qu'elle faisait avec les bâtons. Aziza lui avait fait boire une potion pour chasser les microbes et le mauvais esprit. Sans âge, cette belle femme aux cheveux à reflets roux et au regard vert, avec un "je ne sais quoi " de distinction avait en son coeur une plaie : elle n'était pas mère, ayant été mariée à un vieux ( sic) non opérationnel. Elle avait alors choisi d'aider les mères en étant sage femme traditionnelle et c'est pour cela qu'elle avait deviné le drame de Maryam adoptée comme amie et comme fille. Petite, brune, très mince ( "trop mince" pensait Aziza), Maryam avait l'âme exploratrice. Lorsque le savant blanc était venu au campement, elle le suivait partout, encore petite fille mais à l'esprit si curieux. Il connaissait plus de choses que le maître d'école des garçons dont l'enfant avait suivi les cours en cachette." Avec quoi mélanger l'eau salée pour que le sel se dépose et laisse une eau plus potable?"... Un tableau, des équations...Maryam n'avait pas eu le temps d'étudier cela mais en fit part à Aziza dont l'émoi perla en larmes douces. " Ya Aziza, les larmes sont de l'eau salée?". Aziza prit Maryam dans ses bras : que se passait-il encore dans cette petite tête? " Il faut trouver la formule magique comme pour comprendre le sens des écritures de la montagne " " Je vais chercher en continuant d'explorer la montagne. Si tu as une idée, dis-le moi". L'enfant commence à escalader la montagne et Aziza balbutie : " tu ne veux pas manger un peu de couscous? Je l'ai préparé pour toi". Maryam ne comprend pas : " tu ne l'as pas préparé pour toi?". " Non pour toi et moi, ensemble. Tu n'as pas besoin de manger beaucoup . C'est comme le thé touarègue, ne pas boire un peu de chaque petit verre est un refus d'amitié". Maryam éclate de rire : " tu veux me donner  un quart de verre de couscous? Si j'en prends plus, je vais exploser!". " Prends un quart de verre si cela te convient ". " Ya Aziza, quelle herbe as-tu ajoutée? Je n'ai jamais manger un couscous aussi bon". " L'herbe de l'amour et de la force ". " Tu l'as trouvée ici?". " Elle est sur la montagne aux écritures ". "Peut-on en faire un philtre d'amour?" " Tu veux borboriser le savant blanc?" Le regard de Maryam se fait très ardent : "il ne me résistera pas, même avec un philtre où se mêlent eau salée et herbe magique ". " Préparons le philtre et je l'appelerai par mes chants "....

 

Aziza prend Maryam dans ses bras, et Maryam lui montre l'eau du lac salé. Mission accomplie!

Maryam ne trouve pas de mots puis murmure " bahabbek" (je t'aime). Aziza entend ce balbutiement comme un coup de tonnerre, mais par respect de la pudeur de Maryam, ne commente pas. Doucement, elle prépare un café qui leur permettra de se confier l'une à l'autre grâce à la lecture du marc. Aziza rit en regardant la tasse de Maryam : " un homme nu, bientôt". La femme-enfant a, un instant, peur du ridicule, mais le regard d'Aziza exprime un amour inconditionnel, un amour d'où le jugement est exclu et où le don prime en apothéose de par-don. Maryam reconnaît ce qu'elle a compris du Tout Miséricordieux. Prenant la tasse d'Aziza, elle regarde attentivement, puis braque son regard noir où brille la flamme du brasero : " Ya Aziza, tu vas partir? Le sais-tu?" " Ya Maryam, ma famille est en Turquie mais je n'ai pas d'argent pour voyager". Maryam prend un bout de métal pointu, écrit sur la voûte de leur grotte, puis avec des herbes différentes fabrique une palette de couleurs pour une première esquisse de calligraphie au tracé très sensuel. " Ya Aziza, crois-tu que je puisse gagner l'argent dont tu as besoin?". Aziza est bouleversée : " Tu viendras avec moi en voyage, sauf si tu préfères partir avec le savant blanc". Maryam décore toute la grotte et chante d'une voix très pure et très profonde, d'un son porté par la colonne d'air. Enthousiaste, elle amplifie son chant, tour à tour léger comme si l'enfant en elle chantait, et passionné avec des accents sensuels de la femme qu'elle ne connaît pas encore en elle. La voûte est multicolore. Joie et voix s'enlacent. Voix et voie s'étreignent. Maux et mots explorent la douceur. Maryam a quitté ses pensées sombres : elle vit, n'est que peinture, écriture et chant. Aziza frémit d'émoi puis en son coeur dit " El Hamdullelah"! Maryam entre dans le bonheur, à son insu, sans l'avoir cherché ou pensé...

 

L'amour qu'éprouve Maryam pour Aziza lui donne des ailes : elle ne sent pas la fatigue. "Ya Aziza?"

Le coeur de Maryam bat à toute vitesse sans pudeur : elle est si heureuse d'exister pour quelqu'un, si heureuse d'exister pour Aziza dont elle devine l'inquiétude. Maryam perd sa timidité : elle n'osait pas avouer ce qu'elle comprenait dans les signes de la montagne aux écritures. Maryam se sentait ridicule, mais devant Aziza le ridicule n'existe pas. Maryam sent l'amour envahir tout son être, et songeant au savant blanc, le désire fortement. Elle a totalement confiance en lui : il l'aime et elle le sait. Quand il viendra, et il viendra pour déchiffrer les écritures, elle se donnera à lui. Elle ne sera pas prise ni prenable parce qu'elle se donnera. Elle exulte de joie : son coeur et son corps ont retrouvé une virginité car ceux qui l'ont pris de force n'ont pas reçu son amour. L'amour se donne : tenter de le prendre est le manquer. Se peut-il que Maryam puisse revivre, oublier les épreuves de la vie? Oui, il lui suffit d'un changement d'attitude, d'un autre équilibre, d'une danse lui offrant autant d'espace que nécessaire. "J'ai le droit de prendre ma place?" Maryam médite en marchant très vite vers la montagne aux écritures. Soudain, elle sent la faim, ne refuse pas cette sensation : "J'ai le droit de manger puisque j'ai le droit de vivre". Aziza sera heureuse qu'elle accepte son repas. " Ya Aziza?" L'atmosphère est opaque et Maryam ne sait pas si elle est sur le bon chemin. "Aïe" ! " Quel est ce caillou?" " Il ne vient pas de la montagne aux écritures ". Un grand vent plaque Maryam au sol : elle découvre une montagne inconnue qu'elle a aperçu lors d'un jour de plein soleil où elle escaladait la montagne aux écritures. Il faut repartir vers la gauche. Maryam court avec l'âne, répétant " Ya Aziza, shuf el maya" ( il reste encore de l'eau dans les guerbas). Aziza entend et part à sa rencontre....

 

Minibluff the card game

Hotels