mehareesdemaryam
Embourbements, ensablements : la technique est la même!
Chaleur moîte comme à Zinder, au Niger, annonçant la saison des pluies. Elle est épuisante mais il faut l'affronter. Agadès en lisière de laquelle vivent des touareg, en campement de hûtes de paille. Entre Agadès et Tamananrasset, nous nous sommes embourbés et la technique est la même que celle des ensablements. Fournaise.Nous n'avons pas le choix, entrant ainsi dans une totale confiance. Je connais déjà les insolations qui attaquent par les yeux. Mes yeux ont eu un choc au début de mon séjour en Afrique. Trois semaines dans le noir et lunettes envoyées de France.
Entre thé glacé à la menthe et eau pétillante à la menthe (0 calories), je laisse mes souvenirs sur cet étrange écran. Vous n'êtes pas dans le désert, Madame. Il me faut vous retrouver parce que vous aviez été très intéressée par mon exposé. Il me faudra que je fouille mes dossiers. Je sais bien ce qu'est le labeur quand la chaleur est trop forte. Le corps doit se dépasser, et conserver une allure séduisante et joyeuse.
En avant, vieille carne. Lecteur, ne sois pas surpris. Je lutte contre de très fortes douleurs abdominales. Marche ou crève! Je choisis de marcher, de vivre, de refuser l'échec dans ma vie.
- Commentaires textes : Écrire
Un exemplaire de trek magazine sur les déserts....
Sous mes yeux, une belle photographie du guide de la caravane de la revue TREK, EN L'OCCURENCE, UN NUMERO SPECIAL SUR L'ALGERIE. LA CARAVANE SE DIRIGE VERS ESSENDILENE....JOIE, JOIE, JOIE ( Mémorial de Pascal). Le roman de Frison Roche a été réédité : " Bivouacs sous la lune " réunit trois romans de Frison Roche : " Le rendez-vous d'Essendilène", " La piste oubliée ", " La montagne aux Ecritures " ed Arthaud. J'ai préservé cet incunable, malgré le fait que j'aie les trois romans en poche!
Je vous donne le site de la revue Trek :" www.trekmag.com". Un numéro de cette revue paru en octobre (? pas très ancien) " Spécial déserts" N°128. Je vais chercher des précisions sur ce numéro. Bien entendu, j'ai retrouvé un exemplaire de " Donner un sens à l'existence" dans mes recherches : du désordre au rangement, du chaos surgit la sculpture.
Génial : mon père marche sur la terrasse accompagné! Papa, c'est merveilleux!
Avez-vous tous bu? Oui et j'accepte le thé du targui.
Attention, pas de puits avant deux jours de marche. Porte le maximum d'eau avant de partir dans la fournaise. Un nomade tombe. Entorse! Passe-moi ton bidon d'eau me dit Christophe, jeune médecin, qui mesure ma douleur et mes efforts. Cirque fou, Le Hoggar tourne. Tout est noir... Vide...Christophe imbibe d'eau mes lèvres, mon visage. Je le regarde, surprise : " Que s'est-il passé?" "Le puits avait tari". Le suivant est loin? Oui. Je ne veux pas vous retarder. Continuez sans moi si je ne suis plus. Et je me lève. J'ai décidé : mon corps n'a pas le droit de céder.
Ma douleur cardiaque inquiète Christophe. " Ne t'inquiète pas. La carcasse est jeune ". J'ai décidé et grimpe, en souffrant le martyre. Folie? Sagesse? Au bout, L'Assekrem. Mon corps inscrit tout, à mon insu, alors que je ne me bats que pour tenir et vivre. J'étais très jeune. Mon corps n'a rien oublié. Un sourire éclaire mon visage : " ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait ". Nous n'avons plus d'eau, montons en silence arboutés sur l'effort exigé par l'excursion et la joie d'aller au sommet. Rochers bleus : premiers mirages. Je sais qu'il n'y a pas d'eau!
Mes lèvres saignent et je tente de boire le sang. Ma douleur d'entorse disparaît dans celle de la soif. Je ne peux plus parler. Je regarde Christophe dont la charge est trop lourde. Non, mirage, nos bidons d'eau sont vides. Nos regards flambent en duo. Nuit et manège fou. Je hurle à mon être : non. Une brève pause : je reprends mon souffle, et monte en automate. Cythères? Oui, par certains côtés. Nous voici à L'Assekrem en juillet. Pas d'eau dans les réserves, rien à manger. Nous sommes arrivés et notre lutte se poursuit avec les touareg. Merde, ça tourne, c'est noir. Chute et crâne en sang. Christophe recueille mon sang et m'aide à le boire. Notre ami targui allume un feu. Je ne suis plus en état de contrôle. J'entends en moi la prière de Charles de Foucauld : " Père, je m'abandonne à Vous. Faites de moi ce que vous voulez "... Je ne peux plus parler quand notre ami targui approche avec un tout petit verre de thé. Je regarde les autres : buvez. Dieu décidera de ma survie....
"Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais une bête ne l'aurait fait" Gillaumet dans Terre des hommes!
Angoisse. Absurde. Plus la force! " Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait " lâcha Guillaumet, tout encore à sa bataille contre la neige dans la montagnes dans Terre des hommes de Saint Exupéry. Etre comme Guillaumet, ne jamais renoncer y compris contre l'angoisse qui ne se présente pas. Tenir, tenir, tenir. En sculptant, il y a cet instant où il faut passer en force, battre l'argile jusqu'au sang pour le mettre à la verticale ou.... Voyons, voyons : comment tient ce modèle équilibriste? Où sont ses lignes de force? Je sens dans mon corps : " ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait".
Etre un humain donc tout autre chose qu'un robot moderne, lutter à égalité avec la tempête de sable, lui faire front intérieurement, en tournant le dos au vent de sable. " Je vais crever " " Non, imbécile, lutte". J'étouffe et observe, nuit et jour, à quelques kilomètres du logis d'Isabelle Eberhardt. "Merde!" (des scorpions) puis " Incha Allah". Tenir, ne pas céder, n'être plus qu'une force sans nourriture ni eau. Jours et nuits se succèdent : " ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait".
Je n'y vois rien, perdue dans un nuage rose. Tenir, ne pas céder, ne pas changer de lieu. Si cette tempête cesse, il sera plus aisé de retrouver la piste. Si.... Pourvu qu'elle ne cesse pas : elle appelle la force de mon être. Se croisent les combats de Maurice Bellet, d'ouvrage en ouvrage, et un petit trésor " Donner un sens à l'existence" sous titre "ou pourquoi Le Petit Prince est le plus grand traité de métaphysique du XXème siècle " Jean-Philippe Ravoux ed Robert Laffont.
Lire les commentaires textes
genial , Notre Dame n 'est pas loin. quelques broussailles et c'est tout.