Une enfant gît dans son sang mais nul ne sait qu'elle n'est pas morte, elle-aussi, sous les attaques. Elle a peur de tout le monde. Ils ont tué tous ses proches  dont son grand-père qu'elle ne put protéger. Ils ne pouvaient pas imaginer que son frère les tuerait, ni en omprendre les causes de  ce massacre. Pauvre enfant, tu n'as pas pu sauver ton grand-père. Les cieux ont mis leur robe de deuil : il est dix heures du soir.

Là où sont les écritures, nul ne pourra la trouver. Pourquoi l'avoir atteinte, la laissant comme mort.? Pourquoi attaquer son grand-père? Pour prendre de l'argent ? Il n'y en a pas! Par soif de pouvoir !!! Il faut une chaîne solide à la niche!!!

" Il vient de loin,

         c'est un bonheur,

         étranger.

Il vient de loin,

ll n'a rien à défendre, rien à imposer,

Et de la peur, il n'a pas peur.

C'est un bonheur comme de la joie qu'on ne sait pourquoi.

Quand elle monte

les yeux débordent

 C'est pas grand chose

ça me dépasse                                                                     C'est mon bonheur, en voulez-vous?

Christophe, c'est toi mon frère, toi dont les mots réchauffent le coeur.

Papaloup? Il me faudrait un mode d'emploi. Il a un caractère de cochon.

Un bruit,une odeur et nous voici plongés dans des nos jeunes années ou notre peau d'adulte... Un klaxon et je fus au Caire dans notre quotidien parsemé de rires. Apollon aime mon rire et mon côté coquin. Mes pauvres frères ne sont pas des hommes heureux avec une famille, des enfants, des petits-enfants. Celui qui a craqué sous des épreuves trop lourdes est adorable avec les enfants. Il leur sort tous les jeux, leur offre brioche ou croissants au petit-déjeûner. Il est radieux et charmant tel que je sais qu'il est!

Je me demande si " papaloup" ne rirait pas si je l'envoyais à la nîche! Que nul ne se choque de rires de gosses. L'émotion aidant, l'inquiétude au sujet de notre père étant très grande, nous avons besoin de rire! Il faudra passer en une fugue en mode majeur de cet hôpital de brousse!!!! Mon père n'a rien à faire dans cet hopital qui lui enlève ses dernières forces. J'ai aussi besoin de rire et de me changer les idées. Il me faut un boulot. Des larmes montent : je mets mes essuies glace!

Il faut que mon père marche : c'est vital pour lui. Il le sait. Il dit dérailler à cause de l'hôpital !

Le soleil prend son bain en compagnie d'une odalisque. J'ai joué à cela avec un libanais diplomate (il semblerait que je sois abonnée aux diplomates). Durant ces jeux sous la mousse, les rochers ont suivi leurs tonalités mauve, rose, doré, à l'instant. A tous, je dis : " Laissez Grand-Père mourir dans sa maison. Je le veillerai comme je l'ai fait pour Grand-Mère. Je vois encore les regards sidérés tandis que je lui offrais un café allongé à l'eau, sans lait, pour qu'il ne la fasse pas vomir. Elle avait demandé son café...

Je lui dirai les prières qu'il aime. Christophe, viens nous aider ! Te voici, Christophe, accompagné de Théodore Monod parti dans le désert chercher une fleur à plus de quatre vingt dix ans. Je sais qu'il comprendra Grand-Père et il est mystique. " Le silence du désert vous dépouille. Par-là, vous devenez vous-même, c'est à dire rien. Mais un rien qui écoute" (Edmond Jabès).

Voici ce que vient de me donner Christophe " Quelle heure est-il?... Bien-Aimé, dans tes yeux, je lis  l'heure de L'Eternel Amour ". Aide-moi, Christophe, allons le ramener sous sa tente au campement. Et personne n'aura le droit de l'embêter avec des médicaments qui l'épuisent.

Des larmes roulant sur ses joues dans l'attente du marabout pour son grand-père qui est très malade, qui vient d'apprendre la mort d'une de ses soeurs. Grand Père, il ne va pas venir. Je crois que je peux vous porter jusqu'à la guelta : nous serons à l'abri du soleil et nous pourrons boire. Il faut quitter ce mouroir. Grand-Père, n'ayez pas peur : j'ai de la force. L'enfant met sur ses épaules son grand-père devenu squelettique.

Que ce soit lourd est normal. L'enfant chante pour chasser les peines de son grand-père. Le soleil disparaît et le mauve remplace l'ocre. Grand-Père, je vous donnerai mes vêtements pour que vous n'ayez pas froid dans la nuit, et je ne vous quitterai pas. Je connais les prières. Je peux les réciter. Si Dieu désire que vous alliez vers Lui, je serai là et vous ne serez pas seul dans ce mouroir. Grand-Père, pourquoi les gens sont méchants envers vous alors que vous êtes super gentil (pas dans le sens de Thomas d'Aquin)

Le marabout n'a pas répondu à mon tam tam, mais je vais appeler mon ami Christophe. Surpris, le moine martyr de Tibhirine s'approche ( en fantôme, si ceci est nécessaire au lecteur). Il met tous ses habits sur Grand-Père et m'apprend de nouvelles prières. Emu, vous souriez: c'est le début de la résurrection.